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jeudi 28 juin 2007
Je ne le connaissais pas...
Aujourd'hui, je m'attendais à apprendre la plus mauvaise nouvelle de ma vie !
J'oscillais entre "je m'en fous, après tout " et "non putain, tout, mais pas ça, par pitié"... Comme ça, dans mon cerveau, en marchant, en prenant le bus vers le couloir de la mort, seconde après seconde, tic-tac, dans ma tête il y avait des explosions nucléaires que les Ricains m'envieraient !
De temps en temps, je me descendais moi-même en flèche, hop, pis de toute façon c'est bien fait pour ta sale gueule (oui, quand je me parle, je suis très grossier, pis encore je ne dis pas tout), et la seconde d'après, j'essayais de fuir tout ça et de me mettre à l'abri, je m'imaginais escargot, perdu sur un trottoir de goudron, quelques secondes avant que le pied meurtrier et innocent d'un promeneur me réduise en bouillie…
Pis revoilà que je me vois en train de suivre la ligne verte, le téléphone ne sonnera pas à minuit pour me sauver, ce salopard de gouverneur ne me graciera pas, la chaise électrique, le gaz, les seringues de la mort plantées dans mon bras… à quoi ça sert que je sois là ? C'est vrai, après tout ce qu'il m'est arrivé, que j'ai déclenché, que certains(es) croient que si je suis encore là c'est parce que j'ai une mission, je les laisse croire dans leur jus, ça ne peut que leur faire du bien de croire aux conneries de Karma ou de paradis…
Ouais, je m'attendais, je me préparais à entendre la plus mauvaise des nouvelles. On s'y prépare, mais est-on suffisamment prêt à tout, dans la vie ?
Vous avez déjà imaginé comme les gens peuvent vivre " heureux " et insouciant, inconscient du malheur si proche, presque arrogant de leur vie éclatante, toujours ok pour faire une fête, aller au ciné, en pizzeria, en boîte, ou n'importe où l'être humain à besoin de se vautrer dans sa fange alcoolique pour te parler nez à nez (pendant que t'essayes de ne pas mourir asphyxié, tellement son haleine putride dégage des relents d'égouts). Vous avez déjà imaginé ça, et la seconde d'après, ils se payent une voiture de face, tout le monde meurt sur le coup, la seconde d'après, l'enfant qui rigolait se pète la gueule en passant par la fenêtre de la cuisine, au 9ème étage, crêpe de reste de gamin sur le pavé de la cour du HLM… La seconde d'après, on sait pas pourquoi, ne ressemble pas, ne ressemble plus du tout, à la seconde d'avant. Ça n'a plus rien à voir du tout. C'est comme si tu regardais " la croisière s'amuse " à la télé, et qu'en zappant tu les téléportes dans un autre film super violent, genre " le silence des agneaux "…
Là tu es sur le point d'aller voir ton courrier à la boîte aux lettres, tu sais pas encore si une de ces satanées secondes ne se profile pas au loin, juste pour toi, tu ouvres le courrier et tu apprends que… je te laisse ta seconde !
J'étais dans le bus, je voyageais tremblotant, tantôt de douleurs, mes nerfs, mes pieds presque morts, mes jambes, brûlures de chalumeaux et coupures au cutter en même temps, mes pieds sont mes souffre-douleurs, et ils morflent comme personne ne peut se l'imaginer, le chalumeau et le cutter c'est juste le centième de ce que j'endure en permanence, y compris là, pendant que je tape ces lignes, m'arrêtant pour crier intérieurement qu'ils sont tous cons ces pompiers, ils pouvaient pas me laisser crever comme je le demandais, quand je l'ai fait, qu'est-ce qui leur prend à tous ces conards de sauver un type qui veut mourir et qui ne sert à RIEN, mais alors à RIEN DU TOUT, vous pouvez pas savoir comme je ne sers à RIEN, c'est pire qu'un poteau rouillé au fond d'une carrière de cailloux, oublié, terminant sa vie de poteau rouillé quoi. Je ne sers à RIEN, je ne produis RIEN, je ne fais pas vivre le monde de façon meilleure ou quoi que ce soit ! Personne ne m'attend, j'ai même pas une merde de chien sur le trottoir pour glisser dessus, tellement je ne sers à rien, même glisser sur une merde m'est interdit !
Je leur aurais demandé cent balles, ils auraient fait mine de ne pas m'entendre, ouais, ils se seraient barrés vite fait pour pas que le merdeux de clodo qui boîte ne les fasse chier avec cette histoire de pognon, cent balles, mon bon messieur, c'est pas beaucoup et dieu vous le rendra !
Au lieu de ça, je pouvais rien dire, dans un coma profond, mon corps à 22° Celsius, en hypothermie comme vous n'en connaîtrez jamais non plus, même en vous pellant les mains en hiver parce que vous avez oublié vos gants !
Alors, ils se sont crûs important et essentiel pour moi, ils sont nés juste pour ça, pour qu'aujourd'hui ils fassent preuve de bravoure et sauvent d'un suicide encore loupé de merde, un sale connard (moi, si des fois vous aviez un doute) qui s'en branle de leur diplôme de Sapeur !
Si ils étaient venus quelques minutes après, peut-être que je ne serais pas là pour taper ça, vous ne seriez pas là en train de me lire, donc vous auriez fait autre chose, par exemple, tiens, si je sortais, il fait bon, hop vous vous habillés, vous descendez les escaliers, hop vous voila dehors, oui, à cause de moi vous n'y êtes pas, dehors, mais attendez, j'ai pas terminé. Vous voilà dehors et même pas dix mètres après, voilà qu'un ivrogne qui roulait trop vite vous écrase ! Votre corps vole comme un vieux chiffon, la tête tape le pare-brise, le cuir chevelu se détache de votre crâne ensanglanté, vous mourrez presque instantanément, avec cependant une dernière pensée : pourquoi une seconde avant j'étais arrogant de vie et là…
C'est la seconde ultime, celle d'après peut toujours être pire que celle d'avant. Ou que celle de pendant, aussi.
Donc, si je résume, je vous ai sauvé la vie, parce que des types me l'ont sauvé aussi y'a 8 mois, que je suis handicapé physique (peut-être à vie, là il est encore trop tôt pour se prononcer), toujours dépressif et plus que jamais suicidaire, mais à qui le dire, à part ici ?
Voilà pourquoi je devais me suicider en décembre 2007. Pour qu'on me sauve la vie. Pour que le pompier raconte ça à tous ses potes le soir de Noël " ouais j'ai trouvé un type presque mort, perdu en pleine nature, pendant que je faisais mon footing du matin "… Puis, je devais me suicider pour que je vienne ici vous le raconter, comme ça vous n'êtes pas mort(e) à cause moi (oui, je devrais dire " grâce à moi ", mais je ne vais pas jouer au brave pompier fier de son geste, non, moi je me dis, que si vous deviez y passer, tant mieux ! Comme ça vous n'êtes plus en train de vous dire " ça sera quand, mon heure, ma dernière heure ? ". TOUT FAUX !
C'est pas " l'heure ", c'est la SECONDE, je vous le rabâche depuis le début !
Vola comment on change le cours de l'histoire, voila comment un simple enfant, devenu adolescent avec ses boutons d'acné et devenant pompier, une fois adulte, oui, voila comment ce type est né il y a plus de 20 ans de ça, pour que moi, né plus de 40 avant, je ne meurs pas. Pour que moi, je vous sauve la vie. Et maintenant que vous n'êtes pas mort(e) à cause de moi, vous allez faire quoi ? Rien. Parce que vous ne savez pas que je vous ai sauvé la vie. C'est ça le principe de la vie et de la dernière seconde, on ne sait pas ce qui a failli nous arriver puisque ça ne nous est pas arrivé !
L'alcoolique, au lieu de vous écraser, il a fini par s'arrêter un peu plus loin sur la place, il a coupé sont moteur et maintenant il ronfle comme un gros con dans sa 405 pourave ! Merde, après tout, vous alliez mourir écrasé par " ça " ? Vous ne pouviez pas choisir un camion, par exemple, plus spectaculaire, ou alors une autre mort, je ne sais pas, moi, soyez original !
Seulement, voilà ! Dans 2 jours, l'alcoolique (qui n'est pas en prison pour son accident qui n'a pas eu lieu, vous me suivez ?!) ira à la pêche. Rien d'extravagant. Avant, il ira acheter sa boisson favorite, pas le Gini comme moi, non, lui c'est le vin et la bière ! Il fait très classe dans vomi, vous devriez voir ça… Donc, il est là à faire la queue à la caisse, il y passe et voila que merde, il sait plus ce qu'il a fait de son pognon, du coup on s'éternise à la caisse, là au moins on peut, s'éterniser, c'est pas comme dans la vraie vie où on n'est qu'éphémère !
La personne derrière le poivrot, lui, il en a marre d'attendre, il est pressé. Du coup (encore à cause de moi parce que je vous ai empêché de mourir) il repose ses achats et se barre de là vite fait, en colère. Oui, je mets " en colère " parce que je trouve que ça fait mieux.
En sortant un peu vite, il bouscule une nana enceinte ! Du coup, comme il est con (et sans doute pompier, va savoir) il ne s'excuse pas, mais le mec de la future mère, lui il n'entend pas de cette oreille, ni d'aucune autre, il choppe le mec pressé par la manche de son blouson beige clair acheté à La Redoute il y a 2 ans et demi.
Mais il le choppe un peu " fort ", la manche se déchire (oui je suis une vraie ordure aussi quand je me défoule sur le clavier, si je vous racontais que la vie est rose, vous ne seriez même pas allé jusque-là ! Comme quoi, tout ça est aussi un peu de votre faute, ben oui, hier vous n'êtes pas mort(e) !).
S'en suit une baston qu'on se croirait dans " le Bal à Émile ", au fin fond de la Haute-Saône !
Putain, je serais mort en décembre, vous vous seriez fait écrabouiller ! Le mec alcoolo serait en taule, pendant que vous refroidiriez à la morgue dans plusieurs sacs plastic… Le mec pressé aurait pu régler ses achats, il n'aurait bousculé personne, y'aurait pas eu " rixe " comme disent les Keufs, et le monde aurait été ENFIN débarrassé de moi, l'inutile ! Le parasite. Celui à qui on donne des sous chaque mois pour qu'il paye sont loyer et vive en attendant … une autre de ces putains de secondes de merde qui veut pas arriver parce qu'il paraitrait que j'ai encore un rôle à jouer ici-bas ! Comme si on était au cinéma, un rôle, je t'en fouetterais, moi, des rôles !
Qui sait à qui j'ai encore sauvé la vie ? Si ça se trouve, le pompier quoi ne m'aurait pas trouvé parce que je n'aurais pas été tout là-haut sur cette colline, ben juste une seconde après, il aurait eu une crise cardiaque ou alors en s'approchant un peu trop près du bord et en courant le matin dans la rosée gelée, il aurait glissé et patatras, il serait mort à cause de moi ! Décidément, quand je ne sauve pas des vies, j'en élimine !
Alors, je suis sorti, aujourd'hui. Pour vous c'est normal, pour moi c'est un exploit et une souffrance ultime ! Je ne devrais pas être là, je devrais être mort, je n'aurais jamais dû dire " bonjour " au conducteur de bus, je n'irais pas vers ce lieu maudit d'analyses anonymes où on t'apprend ta future mort de manière plutôt brutale ! Je me répèterais pas tout ça dans la tête à longueur de journée, je ne me suiciderais plus en rêve tous les jours de multiples manières pour, cette fois-ci, sûr et certain d'y rester et que personne ne pourra me sauver.
Je suis sorti, quoi.
J'ai pris mon appareil photo, c'est une autre façon de s'exprimer, la photo. Moi j'aime ce moyen-là. Des fois, une image vaut mieux qu'un long discours !
Pis merde, si je dois chopper un truc mortel, ça me donnera une raison très valable pour me flinguer par la suite, je le ferais pour ne pas me dégrader chaque jour en me chiant dessus et en mourant très affaibli par la maladie et aussi maigre qu'un rescapé d'Auschwitz !
Qu'on me pardonne mon ignorance, en fait je ne sais même pas s'il y a eu des rescapés du camp d'Auschwitz… Mais on s'en fout, je suis méchant parce qu'on m'a sauvé la vie et que je ne devrais pas être là, alors au chiotte tout le monde !
Pis je m'en suis voulu, crétin que je suis, j'ai oublié de prendre mes anxiolytiques pour me calmer un peu, je commence à sentir la crise d'angoisse approcher, je la connais tellement, je sais les signes avant-coureurs, je les connais, je les anticipe.
J'ai oublié ça, pis aussi de boire ! Depuis que je me suis levé et là, dans le bus, je n'ai rien bu. Je n'ai rien mangé non plus, je ne vais pas nourrir ce corps de merde inutile ! Pis d'ailleurs, il est maintenant 22h02, là, et je n'ai toujours RIEN BU et RIEN MANGÉ !
Je suis con, j'ai la bouche toute sèche à cause des médocs et la salive ne veut plus sortir. C'est très désagréable. J'espère que personne ne le remarque, genre j'ai de la bave blanche aux commissures de mes lèvres.
J'espère que personne ne remarque que je fais des " micro-sursauts " à cause des nerfs de mes jambes et mes pieds, que je tremblote comme si j'avais 97 ans, que je pense à la mort, celle qui m'a raté, celle qui m'attend plus loin, mais je ne sais pas quand.
Pfut, si je dois apprendre ça comme nouvelle, je sais ce que je ferai ! Je me laisserai crever sans prendre un seul remède, je ne donnerai plus aucune nouvelle à personne, plus à vous, plus à ma famille, plus à ma fille, plus à mes rares amis, plus à personne quoi. Vous connaissez la définition de " plus personne " ? Eh bien voilà, c'est tout à fait ça.
Ouais, je me laisserai crever. Ça m'arrangera bien et pis vous aussi, si ça se trouve, comme ça vous pourrez crever écrasé(e) par un ivrogne cirrhosique !
Pis me voilà dans cette salle d'attente. Comment on peut transporter volontairement son corps dans ce genre d'endroit ?
Ça pue le phoque, là-dedans, y'a déjà une quinzaine de personnes, comme moi, sans doute morts dans une seconde… Et j'hésite entre l'odeur de l'haleine pas fraîche, mais qui mâche du chewing-gum, et l'odeur de la pisse sur les murs où se sont soulagés les alcooliques, ça tombe bien, j'en parlais.
On va dire que dans cette salle d'attente surpeuplée (15 personnes dans 20 mètres carrés, ce n'est pas interdit, ça ?), ça pue la pisse qui date de quelques jours !
Me voila assis, tremblotant comme une feuille, parce que j'ai les nerfs, parce que j'ai pas pris mes cachetons, parce que j'attends la réponse à ce test de merde.
Pis voilà, c'est à moi, on vient d'appeler le B 810. Ici, pas de noms, pas de prénoms, pas de rien, on est totalement anonyme et on s'appelle B 810 ou C 453… Là c'est B 810, c'est donc moi. Je me lève, et je te bouscule, tu ne te réveilles pas, comme d'habitude… Heu, non, merde, qu'est-ce que je raconte, moi !?
Je me lève comme je peux de ce " fauteuil " trop bas, au ras du sol, et je suis le docteur. Je ne dis pas que je suis moi-même médecin, je dis que " je suis le docteur ", du verbe SUIVRE et non-pas du verbe " ÊTRE " comme vous l'aviez peut-être pensé…
Je m'assois.
Je me répète sans cesse que dans une seconde, entendre rire, prendre le bus et côtoyer mes (presque) semblables, aller faire mes courses et choisir les plus belles pommes, prendre des photos, aller sur internet raconter mes rancœurs immondes, me seront des choses tellement futiles, tellement étrangères, tellement lointaines, tellement trop loin, oui… dans une seconde, les choses vont basculer. Après tout, j'ai toujours eu de la chance, moi, par exemple on me sauve la vie et ensuite on m'envoie lettre sur lettre de rappel pour exiger que je paye des impôts ! Ah, ah, ah, ah… elle est bonne celle-là ! Et si je ne paye pas, vous allez faire quoi ? Venir me saisir mes slips troués ? Je n'ai aucun meuble à moi ! Je suis un rescapé du suicide numéro… attend que je compte : 1987, raté, 1996, raté, 2004, ratés avec un S parce que là j'y ai mis le paquet, y compris quand j'étais à l'hosto psy, si, si, on peut aussi pendant son hospitalisation ! Ah tu ne savais pas ? Ben si, tu as appris quelque chose grâce à moi, même à l'hôpital on peut se suicider !
Bon, je reprends, y'a eu 2006, pis là tout proche, décembre 2007… Bon, ils vont faire quoi si je ne paye pas mes impôts comme un bon (con) citoyen… ? Mais j'en ai rien à foutre de vos lettres de rappel et de vos frais de dossiers, y'a plusieurs mois que je suis mort, moi, alors les vivants, et leur société de merde, je les encule tous !
(Dois-je rappeler que quand je parle seul ou que j'écris, je suis l'être le plus grossier de la planète, j'ai aussi ce titre là, dans mes diplômes de connard, etc.)
Bon, ils sauvent la vie d'un con, ça coûte… je n'ose même pas imaginer combien, les pompiers, le SAMU, les urgences, l'hôpital, les machines pour faire repartir mon cœur qui s'est arrêté, les flics qui viennent parce que c'est un macchabée suicidé raté, pis comme j'avais prévu de ne rien avoir comme pièce d'identité, ils ne savent pas encore qui je suis et personne ne sait encore que je suis… encore en vie !
En fait, chuis con, mais les médocs ça aide dans ces cas-là, j'aurais du me teindre les cheveux en blonds ou en bleu, genre punk du dimanche, et comme ça les flics auraient passé mon signalement aux personnes qui me connaissent en disant " c'est pas un blond votre ami qui a disparu ? " et eux ils répondraient " ben non, c'est pas lui, il est pas blond du tout " et les flics finiraient par un " ha bon… ". Oui, les flics n'ont pas beaucoup de vocabulaire…
Je suis donc le médecin, je ne sais pas pourquoi je dis " LE " puisqu'en fait c'est une femme et blonde par-dessus ça ! Je m'assois, ah oui j'en étais là. Assis dans ce bureau qui va me révéler mon malheur…
Comment ils ont fait les autres ?
C'est vrai, ça ! On ne se pose donc jamais la question de " comment ils font les autres " ? Moi, si, tout le temps !
Je me remets en question, et j'ai peur que l'autre ne se mette à dire un truc du genre " Ah bon ? Tu fais comme ça, toi, quand tu coupes les tomates, tu ne fais pas des tranches comme ci, etc. Bref, il me fait chier ce fils de pute, je coupe les tomates comme je veux, merde !
Comment ils font, ceux à qui ont a dit, alors voila… vous avez… et là, boum ! La plus grosse claque de ta misérable vie de fourmi. Y'a une seconde, tu étais dans l'innocence totale, presque encore à croire au Père Noël plus qu'au Père Lachaise… Et voilà, maintenant tu sais ! Tu sais comment ils font, les autres, tu sais très bien comment ils ont fait, ceux à qui ont a dit de se lever et de suivre la ligne verte. La cellule s'ouvre avec un bruit de tonnerre grondant le ciel d'être pluvieux (que qui ?). On t'appelle par ton prénom, cette fois, c'est marrant parce que durant toutes ces années de prison, ils t'appelaient tous " matricule numéro E615 577 002 ". Là, ils t'appellent par ton prénom. Et là… Tu leur sourirais presque, à ces bâtards de matons. Tu leur dirais presque " merci de prononcer mon prénom, j'en avais oublié le son " !
Mais juste après ton prénom, on ne sait pas pourquoi, il a fallu qu'ils rajoutent " c'est l'heure, faut y aller ".
Comment ils font, les autres à qui ont annonce la mort raté d'un ami, d'un frère, d'un fils, d'un père, d'un ancien collègue de travail ? Et pourquoi personne ne prononce mon prénom ou le mot " suicide " en ma présence ? Ils pensent que ça va me donner des idées, tu crois que je ne suis pas cap' tout seul de remettre le couvert quand je veux sans entendre prononcer les mots " suicide, mort, pendaison, cimetière, etc. ".
Comment ils font, ceux à qui on a mis la tête dans l'échafaud, qu'on a regardé avec pitié, alors que si de la pitié ils en avaient à en revendre sur eBay, ils avaient qu'à tout stopper cette comédie de merde, ce rite à la con, pis mettre le feu à la guillotine. Comme si tuer quelqu'un était un geste qu'on ne pouvait pas se forcer à ne pas commettre !
C'est facile de ne pas tuer quelqu'un, regardez-moi, par exemple, je n'ai tué personne, même pas moi, pis si ça se trouve ce soir j'ai sauvé la vie de 27 individus disséminés sur la planète, aux quatre coins du globe s'il en avait eu quatre…
Comment ils font, ceux à qui ont dit " ben regardez sur l'écran, pour l'hépatite C et le H-I-V c'est négatif, le H-I-V c'est le teste du SIDA (comme si je le savais pas !) ". Comment ils font, je m'en fous !
Moi j'ai fait " pfffffooouuuu ", en retombant mieux le cul sur ma chaise, parce que là, je commençais à en avoir marre de ce suspens à la con, y suis-je ou n'y suis-je pas ? Et eux là, les autres pue-la-pisse de cette salle d'attente, ils en sont ou pas ? Combien de personnes sont sorties d'ici en y étant ?
Oui, moi je me pose toujours des questions à la con. Pis je fais semblant d'être une personne détestable pour qu'on ne me regrette pas quand je crèverai à ma convenance… J'ai trop de peine pour les gens à qui on dira " il est mort "… Ou pour ma mère, à qui on annoncera " votre fils est décédé, je suis désolé, toutes mes sincères condoléances ".
(Pourquoi les condoléances c'est toujours au pluriel ? Si ça se trouve le mec qui dit ça, il n'en a qu'une seule de condoléance ?)
Comment font-ils vraiment, ceux à qui on annonce la mort imminente, non choisie… ? Comment ils ont fait pour rentrer chez eux comme si de rien n'était, comme la veille, comme y'a une heure à peine… Comment ils ont fait pour accuser le coup ?
Je ne le sais pas.
Pour moi, ce fut " pfffffooouuuu ! " et je suis retombé sur ma chaise.
Grâce à ça, à cette nouvelle qui n'était finalement pas si dure à entendre, on se demande pourquoi j'en fais tout un plat, oui, grâce à ça, je remettrai mon prochain suicide à plus tard… Je n'ai, pour l'instant, pas encore beaucoup de raisons pour le faire. Parce que " raisons ", quand on se suicide, c'est au pluriel, eh oui. Même si on dit par la suite qu'au lieu d'avoir " raison (sans S) il avait tort ! ".
Alors, je suis allé fêter ça en allant photographier le monde, et découvrir des " vues de ma ville " que je ne connaissais pas, même à 44 balais, je n'étais encore jamais allé dans certains endroits du centre-ville !
Dire que j'ai failli… Ah sacré Pompier, va !
J'ai commencé à prendre mes images de solitude, oui parce que je ne photographie QUE et EXCLUSIVEMENT QUE la solitude (que je devrais mettre au pluriel, du coup, " mes solitudes à moi " !).
Pis j'ai commencé à me perdre et aller dans des arrières-arrières-cours, des trucs super froids et humides et laissés à l'abandon, que personne ne voit, que personne ne photographie… Et à force de solitudes, j'ai fini par me faire agresser par un type qui ne savait pas que je suis mort en décembre et qu'on ne peut PAS agresser quelqu'un qui n'existe plus !
Je ne le connaissais pas. Lui non plus, ne me connaissait pas. Je ne savais rien de lui, sauf la lumière que son visage avait reflétée pour aller se faufiler à l'intérieur de mes yeux. Il ne savait de moi, pas grand-chose non plus. Mais on s'est retrouvés là tous les deux, uniquement deux, et ça a suffi pour que la guerre éclate ! Comme je l'avais écrit, il y a plusieurs années déjà, " pour faire la guerre il suffit de deux personnes, alors que pour faire l'amour il peut n'y en avoir qu'une ! ".
Deux, et voila. Ce fut Hiroshima (faut que j'arrête avec mes références de guerres parce qu'en plus je ne sais même pas comment ça s'écrit Hiroshima, pis je m'en fous. Les habitants d'Hiroshima ne savent pas non plus comment s'écrit le nom de ma ville, alors on est quitte !
Deux et la guerre éclata. Et comme toutes les guerres déclenchées par l'homme, elle fut meurtrière, tuant un innocent, elle fut stupide, ce n'était pas une vraie raison valable pour une guerre (et en écrivant cela, je me dis que si une raison n'est pas valable et qu'il faut plusieurs raisons (avec un S) pour qu'une guerre éclatât, ça voudrait donc dire que l'homme est une espèce de grosse merde flasque… La guerre, selon moi, n'a aucune raison, que ce soit avec ou sans " S " ! La guerre a toujours tort !
Il commença les hostilités, je devinais à son ton de voix et à la graisse de merde qui habillait sont corps de gros lard obèse (mon cul ! Oui, parce que ça fait " Oh, baise mon cul ! "), qu'il venait à moi pour envahir mon espace vital de solitude nécessaire pour que mes pensées n'habitent et n'abiment que moi.
Il est donc sorti de chez lui, oui, lui aussi. Et il est venu à ma rencontre, pendant que je ne tentais même pas de fuir, ni rien, je me contentais de descendre les escaliers en boitant, les mêmes que j'avais gravis de la même manière…
Je ne le connaissais pas, et maintenant que je suis chez moi en vie parce que mes suicides ne m'ont jamais tué, parce que la nouvelle d'aujourd'hui non plus, parce que cet homme non plus, oui, maintenant que je suis chez moi, pris du Syndrome de Stockholm (ça va, je peux utiliser Stockholm ? Y'a pas eu de guerre là-bas, non ?), et je me prends de sympathie pour ce mec-là. Il m'a agressé parce que je faisais des photos, ça lui donnait le droit de me tutoyer, de m'insulter, de me traiter même de voleur parce qu'il n'y a pas longtemps comme par hasard, ouais, ouais, il y a eu un cambriolage dans l'immeuble, ouais, ouais, ça lui donnait le droit de tout ça et aussi de vouloir mon nom, donne-moi ta carte d'identité, je suis inspecteur moi, tu vas voir si t'as rien comme papier, pis ça lui donnait le droit de vouloir me piquer mon appareil photo numérique d'une valeur de 1500 euros, à sa sortie, et qu'on trouve encore d'occasion sur l'excellent site 2xmoinscher pour 220 euros… mais je m'égare…
Avec tous ses droits de chiotte, il n'en a eu qu'un seul, celui que moi je lui concédais : regarder mes photos pour voir si j'avais ou non photographié chez lui, ou en direction de chez lui, etc… Bref, il a maté mes images superbes de vielles façades de ma ville, j'ai vraiment un talent fou, dire que j'ai mouru en décembre, c'est con… Pis il s'est calmé, je lui ai dit qui j'étais ! Pas " prénom, nom, adresse, téléphone, matricule de la chambre de la mort et de la ligne verte ", non, pas tout ça, juste ce que je suis en vrai et sans mensonges : " je suis dépressif suicidaire "… Et ça la calmé, peut-être parce que, en tant que soldat de la guerre imaginaire qu'il venait de mettre sur pied pendant que les miens me faisaient souffrir, oui, pendant ce temps là, il venait de comprendre que le suicide me tuerait sans doute plus efficacement un jour et qu'il ne sera jamais inquiété par la police, parce que " inspecteur mon cul, ouais ! "…
Alors, je les lui ai montrés, mes images de solitaire de ce monde qui n'est pas le mien, il les a regardés (et là je dois rajouter, qu'il a certainement pensé " Ouah ! Mais ce mec a du talent, et dire que j'ai failli lui péter la gueule pour ces belles images et qu'il se suicidera dans quelque temps… ".
Bon, je suis comme ça, moi, prêt à boire le verre de l'amitié avec le type qui va actionner la guillotine qui trône au-dessus de ma tête et donc je ne saurai jamais quel bruit fait une tête décapitée qui tombe à même le sol…
Après quoi, nous nous sommes séparés par un " bonne soirée " réciproque, sans doute un mensonge de la part de mon agresseur, alors que le mien était sincère. Et il n'avait pas encore fini de tourner les talons et de prononcer cette dernière phrase, que je l'aimais déjà !
Ah Stockholm, quand tu nous tiens… Sacré syndrome !
Je l'aimais, car j'ai vu à sa tête, à ses mots, à ses gestes, à ses intentions, qu'au fond de lui, il venait de faire une super grosse erreur et il le savait, mais comment, dans ce cas-là faire marche arrière et rentrer au bercail la queue basse et le regard aussi ? Je l'aimais parce que l'erreur est humaine et qu'il était profondément humain, encore plus profondément quand il se trompait, parce que lui aussi avait le droit de couper les tomates à sa manière sans que personne le contrarie par une remarque désobligeante…
Je suis comme ça, moi, tu m'agresses, et je te donne du pain pour ne pas mourir de faim…
Et qui sait ? Demain, si ça se trouve, l'alcoolique, il va passer pas loin de chez lui… Qu'est-ce que je suis méchant !
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